Et si le futur Ballon d’Or ne s’appelait pas Kylian Mbappé, mais Ousmane Dembélé ? L’idée peut sembler audacieuse, voire provocatrice, tant le crack de Bondy monopolise l’attention depuis des années. Mais à y regarder de plus près, les signaux envoyés cette saison par son ancien coéquipier du PSG plaident en faveur d’un scénario renversant.
L’ombre d’Ibrahimovic plane
Pour comprendre ce retournement de perception, il faut peut-être remonter à l’étrange cas Zlatan Ibrahimovic. Un géant du football moderne, auteur de plus de 300 buts en championnat dans les plus grands clubs d’Europe – du PSG au Milan AC, en passant par le Barça. Pourtant, ni Ballon d’Or, ni Ligue des champions. Même pas une finale. Toujours absent du podium, malgré un talent indiscutable.
Un détail anecdotique ? Pas si sûr. Son passage à Barcelone, au cœur de l’ère Guardiola, s’est soldé par une élimination… et un triplé pour l’Inter Milan, qu’il venait de quitter. La saison suivante, le Barça gagnait à nouveau la C1, sans lui. Une coïncidence ? Ou un mal invisible qui empêche certains joueurs de tirer le collectif vers le haut ?
Mbappé, l’héritier d’un paradoxe
Le parallèle avec Mbappé est tentant. Alors que le Real Madrid s’est effondré cette saison – élimination précoce en C1, humiliation contre le Barça, saison blanche – le PSG, lui, a enfin réalisé le rêve de ses propriétaires qataris : dominer l’Europe avec brio. Et au centre de cette métamorphose, un homme inattendu s’est imposé : Ousmane Dembélé.
Pendant que Mbappé battait des records individuels à Madrid – Soulier d’or européen, meilleure saison en termes de buts pour un nouveau joueur du club –, c’est son ancien entraîneur Luis Enrique qui a soufflé un vent nouveau sur le PSG. Et l’Espagnol n’a pas été tendre dans ses comparaisons.
Luis Enrique, prophète du mérite
« Tout le monde parle du Ballon d’Or, mais moi, je le donnerais à Ousmane Dembélé », a lâché l’entraîneur après la finale de la Ligue des champions, remportée 5-0 contre l’Inter. Pas pour ses deux passes décisives, ni pour sa talonnade folle sur le troisième but parisien. Non. Ce qui l’a bluffé ? Sa défense. Son pressing. Son humilité.
« Il a été un leader, il a défendu, il a montré qui il était. Ce n’est pas juste les buts. C’est l’effort. »
Un discours cohérent de la part d’un technicien qui, déjà la saison passée, n’hésitait pas à recadrer publiquement Mbappé malgré un triplé contre Reims : « Je ne suis pas très content de Kylian. Il marque, oui. Mais il peut nous aider bien plus. »
Dembélé, le nouveau visage du PSG
Le contraste est frappant. D’un côté, Dembélé, qui a été écarté en octobre pour des raisons disciplinaires, puis est revenu transformé, porté par une rage de vaincre communicative. De l’autre, Mbappé, cible directe de Luis Enrique dans un documentaire devenu viral.
« Tu es un phénomène, Kylian. Mais ce n’est pas suffisant », lui dit l’Espagnol. « Michael Jordan défendait comme un fou. Il montrait l’exemple. C’est ce que j’attends de toi. »
Message reçu ? Peut-être pas. Car à Madrid, malgré les statistiques de gala de leur nouvelle star, c’est le collectif qui a failli. À Paris, au contraire, Dembélé a incarné l’âme du groupe. Un leader de l’ombre, plus utile dans le combat que dans les highlights.
Et si le Ballon d’Or fuyait Mbappé ?
Le football évolue. Le Ballon d’Or aussi. Il ne sacre plus seulement les buteurs, mais ceux qui inspirent et guident. Dembélé a livré la finale parfaite pour ce nouveau modèle : engagé, discipliné, décisif dans les deux surfaces. Dans ses yeux, une intensité rare, celle d’un joueur qui a compris ce qu’on attendait de lui.
Alors oui, Ousmane Dembélé n’a pas le rayonnement marketing de Mbappé, ni ses lignes de stats. Mais il a conquis ce que beaucoup pensaient impossible : la reconnaissance unanime, dans un club longtemps décrié pour son manque d’âme.
Et s’il décrochait le Ballon d’Or avant son célèbre compatriote ? À ce rythme, ce ne serait même plus une surprise.