David Soudan
La logique voudrait qu’un club perde en ambition et en efficacité lorsqu’il se sépare de son joueur vedette. Pourtant, l’histoire récente de la Ligue des champions prouve parfois le contraire. Et si le PSG, orphelin de Kylian Mbappé, entrait dans ce cercle très restreint des équipes sacrées juste après avoir tourné la page d’un crack ?
Contre toute attente, l’équipe de Luis Enrique, pourtant privée de sa superstar, reste en lice pour décrocher la première Ligue des champions de son histoire. Un scénario qui n’est pas sans rappeler ceux d’autres grandes formations européennes. Revue de détail des sept clubs qui ont soulevé la C1 juste après avoir dit adieu à leur joueur emblématique.
Real Madrid 2024 : sans Benzema, mais avec un Bellingham supersonique
Quand Karim Benzema a quitté Madrid en 2023, nombreux étaient ceux à penser que l’attaque merengue allait en pâtir. L’international français, immense artisan du sacre de 2022, laissait un vide immense.
Mais c’était sans compter sur l’explosion de Jude Bellingham. Le jeune Anglais a illuminé sa première saison au Bernabeu avec 23 buts venus du milieu de terrain, pendant que Joselu surprenait tout le monde par son efficacité dans les moments clés. Résultat : une 15e Ligue des champions ajoutée à la légende madrilène, après une finale maîtrisée face à Dortmund à Wembley.
Chelsea 2021 : l’après-Hazard en mode surprise
Le départ d’Eden Hazard vers Madrid avait laissé un goût amer aux supporters des Blues. Pourtant, moins de deux ans plus tard, Chelsea s’offrait une deuxième Ligue des champions inattendue.
Frank Lampard parti, Thomas Tuchel arrive en janvier 2021 et transforme un effectif pourtant sans star offensive majeure. Tammy Abraham et Timo Werner mènent la danse avec chacun 12 buts toutes compétitions confondues, mais c’est surtout la rigueur tactique et la solidité défensive qui font la différence. Un succès que personne n’avait vu venir.
Liverpool 2019 : Coutinho parti, les Reds explosent
Le départ de Philippe Coutinho au Barça en janvier 2018 a laissé des traces à Anfield. Mais le club de la Mersey a su transformer la déception en opportunité : l’argent du transfert a servi à renforcer l’équipe de manière intelligente.
Un peu plus d’un an plus tard, Liverpool remporte la Ligue des champions 2019. Cerise sur le gâteau, les hommes de Klopp infligent un incroyable 4-0 à Barcelone en demi-finale retour, éliminant leur ancien coéquipier dans une ambiance électrique. Coutinho soulèvera finalement la C1 avec le Bayern, mais le cœur n’y était sans doute pas.
Inter Milan 2010 : Zlatan out, Eto’o in, triplé historique
À l’été 2009, Zlatan Ibrahimovic quitte l’Inter pour rejoindre Barcelone. En échange, Samuel Eto’o débarque à Milan. La suite appartient à la légende : sous la houlette de José Mourinho, l’Inter réalise un triplé retentissant (Serie A, Coupe d’Italie, Ligue des champions).
Ironie du sort, Ibrahimovic sera éliminé en demi-finale par son ancien club. Il ne remportera jamais la C1 au cours de sa carrière. De son côté, Eto’o brille dans un rôle sacrifié mais fondamental pour faire triompher l’Inter sur la scène européenne.
FC Barcelone 2009 : fin de l’ère Ronaldinho, naissance d’un chef-d’œuvre
À l’été 2008, le Barça tourne la page Ronaldinho. Pep Guardiola, nommé entraîneur, révolutionne le jeu catalan. Exit aussi Deco et Zambrotta. Place à une équipe jeune, affamée et prête à tout écraser.
Avec un jeu basé sur le tiki-taka, les Blaugranas remportent le triplé (Liga, Coupe du Roi, Ligue des champions) en 2009, offrant un premier chef-d’œuvre sous l’ère Guardiola. Le départ de la star brésilienne aura finalement permis une mue salutaire.
AC Milan 2007 : Shevchenko parti, le sacre en ligne de mire
Andriy Shevchenko quitte l’AC Milan en 2006 après une ultime saison à 28 buts. Chelsea pense avoir fait une affaire en or, mais le Ballon d’Or ukrainien peine à s’adapter à la Premier League.
Pendant ce temps, Milan reconstruit en silence et s’offre la C1 en 2007, prenant sa revanche face à Liverpool en finale. Une victoire sans leur ancien goleador, mais avec une équipe expérimentée, revancharde et parfaitement huilée.
Liverpool 2005 : sans Owen, mais avec un miracle à Istanbul
Quand Michael Owen part au Real Madrid en 2004, les espoirs de trophée européen semblent lointains pour Liverpool. L’équipe de Rafael Benitez termine 5e en championnat, loin des standards du club.
Mais en Ligue des champions, le destin en décide autrement. Après une campagne mémorable, les Reds renversent l’AC Milan en finale à Istanbul, passant de 0-3 à 3-3, avant de s’imposer aux tirs au but. Un match entré dans la légende. Et pendant ce temps-là, Owen ne brille pas à Madrid et fait ses valises dès la fin de saison.
Et le PSG dans tout ça ?
Alors, le Paris Saint-Germain peut-il lui aussi écrire sa légende européenne après le départ de Kylian Mbappé ? L’histoire prouve en tout cas qu’un collectif soudé, un entraîneur inspiré et quelques coups d’éclat peuvent suffire à faire mentir les pronostics. À condition de ne pas regarder en arrière.
