Symbole ultime du football européen, le trophée de la Ligue des champions, surnommé « la coupe aux grandes oreilles », fait rêver des générations entières de joueurs et de supporters. Sa silhouette familière, ses anses démesurées et son éclat argenté ont été immortalisés par des légendes comme Franz Beckenbauer, Johan Cruyff, Lionel Messi ou encore Cristiano Ronaldo. Mais derrière le prestige, que sait-on vraiment de cette coupe mythique ? Quelle est son histoire, sa valeur réelle, et qui peut la garder ?
Un trophée à l’histoire mouvementée
Avant de devenir l’icône que l’on connaît aujourd’hui, le trophée était officiellement nommé Coupe des Clubs Champions Européens, traduction directe de European Champion Clubs’ Cup. Un nom qui rappelle les origines françaises de la compétition, puisque c’est le journal L’Équipe qui, dans les années 1950, a soufflé à l’UEFA l’idée d’un championnat entre les meilleures équipes du continent.
Le tout premier trophée a d’ailleurs été offert par le quotidien français. Il fut attribué définitivement au Real Madrid en 1960 après cinq sacres consécutifs entre 1955 et 1960. Cette coupe historique trône aujourd’hui fièrement dans le musée du club madrilène.
Depuis, quatre autres versions ont vu le jour, mais toutes reprennent le même design emblématique. Le modèle actuellement en circulation, celui que Chelsea, le Real ou Manchester City ont soulevé ces dernières années, date de 2006.
Peut-on garder la coupe ?
Jusqu’en 2008, c’était possible. Selon une règle instaurée par l’UEFA à la fin des années 1960, un club pouvait conserver le trophée s’il remportait la compétition trois fois de suite ou cinq fois au total. C’est ainsi que Liverpool a pu ranger dans sa vitrine la coupe remportée à Istanbul en 2005, marquant sa cinquième victoire.
Ajax, le Bayern Munich ou encore l’AC Milan disposent eux aussi d’une version originale. Mais ce privilège a été aboli par l’UEFA en 2008. Depuis, plus personne ne peut garder la coupe. Même le FC Barcelone, vainqueur pour la cinquième fois en 2015, a dû se contenter d’une réplique.
À la fin de chaque saison, le trophée est donc remis au vainqueur… mais doit être rendu peu après. En contrepartie, le club reçoit une réplique grandeur nature, gravée à son nom. D’autres copies peuvent être fabriquées, mais elles doivent clairement être identifiées comme telles et ne peuvent excéder 80 % de la taille de l’originale.
Des chiffres en or… ou presque
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la valeur du trophée de la Ligue des champions n’est pas aussi astronomique que son aura le laisse penser. La marque spécialisée Canterbury estime son prix à environ 15 000 dollars, soit un peu plus de 13 000 euros. Un montant presque dérisoire comparé à d’autres trophées majeurs.
Par exemple, la FA Cup anglaise est estimée à environ 1 million de dollars, soit plus de 66 fois plus que la coupe aux grandes oreilles. Quant à la Coupe du monde, elle atteint des sommets : composée d’or 18 carats et de malachite, sa valeur tourne autour de 20 millions de dollars. Un gouffre.
Taille, poids et fabrication : les secrets de conception
Le trophée actuel mesure 73,5 cm de haut pour 7,5 kg. À titre de comparaison, celui de la Premier League atteint 104 cm et pèse trois fois plus. Ce n’est donc pas étonnant que Didier Drogba ait pu le soulever sans peine, mimant un envol après la finale de 2012.
La coupe est en argent massif et sa fabrication nécessite un véritable travail d’orfèvre. En 1967, l’UEFA confie sa conception à Hans Bangerter, son secrétaire général de l’époque. Le design est signé Jürg Stadelmann, un joaillier suisse basé à Berne. Il lui aura fallu 340 heures pour en venir à bout.
Dans une anecdote savoureuse, Stadelmann raconte que lui et son père avaient étalé tous leurs croquis sur le sol du bureau de Bangerter. Ce dernier sélectionnait les éléments selon les goûts supposés des différents pays : « Les Bulgares aimeraient ça, les Espagnols préféreraient ceci, les Italiens voudraient cela, et les Allemands adoreraient ça. » Un puzzle européen devenu légende.
Une valeur symbolique inestimable
Si sa valeur matérielle reste modeste, le trophée de la Ligue des champions n’a pas de prix aux yeux des passionnés. Il représente la consécration ultime, l’histoire d’un club, le rêve d’une ville entière. Chaque printemps, des millions de regards sont rivés sur lui, dans l’espoir de voir leur équipe le soulever. Et ça, ça ne s’achète pas.