Redaction
Le choix du président d’assister à la demi-finale avait déjà du mal à passer chez les écologistes.
Comme à Moscou en 2018, Emmanuel Macron sera dans le stade pour assister à la finale de la Coupe du monde de football, à laquelle l’équipe de France participera dimanche à Doha, contre l’Argentine. Un déplacement qui passe mal auprès notamment des militants écologistes, pour plusieurs raisons.
La tenue de la Coupe du monde au Qatar a fait l’objet de nombreux appels au boycott, notamment diplomatique, de la part d’ONG pour dénoncer les atteintes aux droits humains dans le pays, et la mort de plusieurs milliers d’ouvriers dans la construction des stades.
L’absence de boycott diplomatique pointée du doigt
Un boycott qui n’a pas résisté à la qualification des Bleus pour les quarts de finale. Comme annoncé avant l’évènement, la ministre des Sports pour les quarts de finale puis le président de la République pour la fin de la compétition se rendent sur place pour représenter la France. “Une faute politique”, pour le député européen EELV Yannick Jadot.
Emmanuel Macron avait alors déjà appelé à ne “pas politiser” le sport, ajoutant que ces “questions-là, il faut se les poser quand on attribue l’événement”.
Macron va au Qatar, pas à la COP15 sur la biodiversité
Le timing est tout d’abord délicat, alors que se tient du 7 au 19 décembre à Montréal la COP15, qui vise à adopter un nouveau cadre stratégique mondial pour la biodiversité. Le site de pétitions citoyennes Avaaz a détourné la photo d’Emmanuel Macron célébrant la titre de 2018 pour alerter sur son absence à la COP15. “Président Emmanuel Macron, lorsque vous aurez fini de regarder la demi-finale de la France, l’équivalent de 1 000 terrains de football de forêts tropicales primaires seront détruits ! Les joueurs n’ont pas besoin de vous à la Coupe du Monde, mais la planète si, à la COP15”. À noter qu’aucun chef d’État n’est présent à la COP15.
Un déplacement en plein scandale supposé de corruption par le Qatar
Un visuel largement partagé par les militants écologistes, qui regrettent le symbole de cette absence. Autre élément montrant que le moment est particulièrement mal choisi pour un déplacement officiel au Qatar, le scandale de corruption au Parlement européen qui vient d’éclater : sa vice-présidente Eva Kaili est en effet soupçonnée d’avoir été payée par le Qatar pour défendre les intérêts de l’émirat qui organise actuellement la Coupe du monde de football.
“La France doit apporter une réponse politique forte et immédiate face à la tentative d’un Etat étranger de corrompre la démocratie européenne”, dénonce sur France Info le député écologiste de l’Isère Jérémie Iordanoff, qui demande à Emmanuel Macron de ne pas se rendre au Qatar.
“Ce qui est choquant, c’est qu’il n’y a aucun message de solidarité”
Également pointé du doigt, les allers retours du chef de l’État au Qatar. Arrivé mercredi à Doha pour la demi finale, il en est reparti le soir même, aux environs de minuit, pour se rendre à Bruxelles dès jeudi matin. Il retournera dimanche dans l’émirat pour la finale. Des allers-retours au bilan carbone important, qui sont pointés du doigt par plusieurs militants écologistes.
Le déplacement du chef de l’État au Qatar a également été l’occasion pour lui de “reconnaître que le Qatar l’organise très bien, cette Coupe du monde. L’organisation est bonne, la sécurité est bonne. Ne mégotons pas sur notre plaisir”, a lancé le chef de l’État.
De quoi susciter les critique de l’opposition. Ce qui “choque” n’est “pas tant sa présence (au Qatar) que le fait qu’il n’ait jamais eu un mot de critique de cette Coupe du monde”, a estimé de son côté la députée écologiste Sandrine Rousseau sur LCI. “Je ne l’ai jamais entendu dénoncer les 6 000 personnes qui sont mortes en construisant les stades” ou “avoir un seul mot sur l’écologie ni sur les personnes LGBT”. “Ce qui est choquant, c’est qu’il n’y a aucun message de solidarité”, déplore de son côté Amnesty International, tandis que face aux critiques, le chef de l’État a annoncé qu’il “assumait totalement” ce déplacement pour soutenir les Bleus.
